Socially awkward Penguin

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Dans moins de 6 mois, je sais pas où je serai. Peut-être de retour en France, peut-être dans un autre pays, peut-être ailleurs aux USA…
Comme par hasard, c’est le moment où je commence à prendre plus d’assurance, à vouloir faire plus de choses. C’est le moment où on me donne de nouvelles opportunités, et où je les accepte.
Il m’aura fallu 2 ans et demi.

Quand je suis arrivée, j’ai déjà mis plusieurs semaines avant d’oser joindre les activités du Spouses Club. Plusieurs mois avant de faire des trucs avec des gens à l’extérieur du club. Un an avant d’arrêter de me mettre à pleurer convulsivement si on oubliait ma présence à un groupe, ou si je me rendais compte que les autres faisaient des trucs sans moi. Un an pour me dire que c’était pas si important, que ça fait pas de moi une merde de pas savoir socialiser et que j’avais pas à me torturer pour ça. Six mois pour que je commence à y croire.
Pour ne plus être malade au moment de sortir de chez moi, j’ai arrêté de me forcer à aller aux groupes. Des fois ça a marché, des fois non.

Il y a un peu plus d’un an, j’ai commencé à me sentir “bien”. Avec des guillemets quand même, parce que bien sûr, je suis toujours super anxieuse et j’ai toujours des palpitations à l’idée de dépasser la grille de la résidence. Ce serait trop facile sinon. Pas “à l’aise” non plus, ça c’est pour les autres ou pour les situations où j’ai tellement d’alcool dans le sang que réfléchir devient une option secondaire. Mais “bien”.

J’ai assumé à fond la fonction de trésorière. J’ai participé à l’organisation de trucs. Des filles que j’apprécie sont parties, mais il me reste toujours quelques personnes, mon noyau que je peux voir seule à seule. J’ai appris à faire du small talk avec les autres, à demander comment ça va, à reconnaitre les visages de mes connaissances, même celles que j’ai pas vu pendant des mois. A être contente de voir les autres, et plus seulement à redouter que tout se passe mal. Le temps est passé atrocement vite.

Et voilà que je pars dans moins de 6 mois. 5 mois, même.
Il y a des projets qui se montent : un nouveau groupe, dont je me retrouve l’organisatrice. Un blog avec une amie, avec au programme la rédaction (par bibi) d’articles sur les membres et leur vision de l’expatriation. En plus de celui de trésorière, le poste de “online manager”, même s’il s’agit juste de gérer la page Facebook du club, la mailing list et les mises à jour du site, le fait est que c’est maintenant mon boulot à moi.
Le mois prochain, l’International Food Fair. Trouver une recette et la faire devant des inconnus pour une démo de cuisine. Je pourrais refuser. Je pourrais dire que je peux pas, que j’ai pas d’idées et que de toute façon j’ai piscine. Mais on me l’a demandé à moi. A moi personnellement. (pas uniquement à moi bien sûr, et le coté glamour de la cuisine française y est aussi pour beaucoup. Mais quand même, on m’a envoyé un mail personnellement. Avec mon nom et tout.) Ça m’occasionne du coup des nuits agitées, où mon intarissable besoin d’affection et de reconnaissance se fighte avec mon anxiété. Pour le moment, c’est le premier qui l’emporte, mais je sens que l’anxiété tardera pas à se venger.

J’ai l’impression d’avoir trouvé un certain équilibre, même si je sais très bien que le départ qui se rapproche y joue un rôle. Je me sens jamais aussi bien quelque part que quand je dois m’en aller. Je m’entends à merveille avec les gens juste avant de quitter un boulot. J’ai pris l’habitude de me dire que c’était parce qu’il me faut “du temps pour trouver mes marques”… Mais je pense que c’est juste un gros prétexte. Il me faut plein de temps, certes. Mais je crois que je suis une telle insatisfaite que je ne vois la plupart des choses positives que quand je m’en vais. Peut-être qu’en fait des opportunités j’en ai déjà eu un paquet. Peut-être que je les ai juste pas vues ou pas saisies, et je ne le fais maintenant que parce que c’est “bientôt fini”, que c’est “maintenant ou jamais”.
Peut-être que c’est comme au lycée où je ne travaillais correctement que sous pression, rédigeant les dissertations dans mon lit à 3h du matin la veille du rendu.
Peut-être aussi que c’est pour ne pas avoir de regrets. Je regrette déjà pas mal de choses dans ma vie (c’est un sport national chez moi, de revenir 10 000 fois sur « ce moment où j’ai dit une connerie quand j’avais 10 ans ». Les Social Awkwardness Olympics.). Si je ne fais pas les choses maintenant, je n’aurai plus l’occasion de les faire. Peut-être que dans 5 mois, je devrai prendre un boulot alimentaire pour qu’on puisse se payer un appart en France. Et à ce moment-là je regretterai de pas avoir fait tout ce que je pouvais ici pour m’enrichir, pour “compter” d’une manière ou d’une autre. Pour me dire que quand même j’aurai accompli des trucs autre que faire mourir 35 persos à Don’t Starve. Pour avoir une expérience qui reste.

Et puis du coup, j’ai l’impression de me pousser à me dépasser. A faire ces choses qui me terrorisent : interagir avec des gens, expliquer des trucs en public sans dire de bêtises, passer plus d’une heure avec quelqu’un (hors famille & amis proches) sans être physiquement épuisée et avoir envie de me sauver en courant… Je viens d’être invitée à aller à la plage entre filles du club, on serait 7, ça durerait tout l’après midi jusqu’au soir, on irait au resto… Pour moi, c’est un putain de challenge. (pardon my French) Mais je vais dire oui. Parce que même pas peur. (enfin si, plein. Mais chut.)

Pour m’excuser du pavé de feels feels feels, et vous récompenser d’avoir tenu jusqu’ici, voici… une biche qui prend le bus.

Deer-Takes-The-Bus

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